En réponse à l’article paru dans le Ouest-France du 15/10/2019
Christian Pacteau, vendéen, consultant pesticides pour la LPO France rectifie les propos de Joël Limouzin dans le journal Ouest France de la semaine dernière
Joël Limouzin, président de la chambre d’Agriculture de la Vendée, dans l’article de David Dupré “Glyphosate : la FDSEA contre-attaque”, paru dans les colonnes d’Ouest-France du 15 octobre, affirme que la bonne pratique en matière de pesticides est : “la bonne dose, au bon moment, dans les bonnes conditions.”
Cette affirmation est centrée sur la pratique et non la toxicologie.
Que nous dit la toxicologie …
En toxicologie, expérimentalement on recherche d’abord la dose qui permet de tuer 50 % d’un lot d’une espèce animale. Les toxicologues parlent de toxicité aiguë. Cependant, à des doses plus faibles, voire extrêmement faibles, s’ajoute à la « dose » un second facteur non moins important : « l’exposition » des organismes définie par sa durée ou sa répétition au cours du temps. Ainsi, une forte dose peut tuer quasi instantanément. Mais de faibles doses répétées au fil du temps ne sont pas sans effet pour autant. Elles entraînent une mortalité chronique décalée dans le temps, ou bien des effets physiologiques néfastes sur les organismes.
Exemple chez l’abeille
Ainsi, montre-t-on que la dose de toxicité aigüe chez l’abeille est de l’ordre du milliardième de gramme par abeille, et la dose entrainant la mortalité chronique à huit jours, elle, est mille fois plus faible !
Les recherches scientifiques à ce sujet sont considérables. Elles démontrent d’une part qu’un même effet nécessite beaucoup moins de toxique à faible dose qu’à forte dose et d’autre part que les stades de développement les plus fragiles sont ceux de l’embryon, du fœtus et des jeunes enfants.
Or, l’exposition aux faibles doses est bien plus fréquente que celle aux fortes doses, et surtout beaucoup plus pernicieuse car indécelable. L’exposition récurrente aux goudrons du tabac en est un exemple type : aucune toxicité aiguë, exclusivement une toxicité à faible dose dont les effets se révèlent tardivement comme chacun sait. Si constater que « les taux de glyphosate dans les urines sont extrêmement faibles » conduit à conclure qu’il n’y aura pas d’effet, c’est là une grave erreur d’interprétation ! Aucun toxicologue académique n’acceptera jamais de prédire l’absence de dangerosité d’une exposition au nom de la faiblesse de la dose !
Vouloir ignorer les effets des faibles doses est impardonnable.
Cette ignorance met en danger les agriculteurs, le public, la biodiversité !
Pour le bien de tous, nous disons, nous, aux agriculteurs : sortez des pesticides, choisissez de vivre en harmonie avec la nature en pratiquant une des formes de l’agroécologie.
Il est encore temps !
Christian Pacteau, LPO 85